Il est du genre à penser que tout lui est dors et déjà acquis – Si vous doutez encore de son côté narcissique, demandez lui comment il se voit dans cinq ans – Toutes ses journées commencent par une overdose de caféine – Il n'a jamais fumé, et ne fumera jamais, que des marlboro light, sa mère lui ayant un jour dit que les light étaient meilleures pour la santé, et Lane souhaitant s'en persuader – C'est un grand fan des séries télévisées, il n'allume sa télé que pour en regarder, ou du moins les laisser en fond sonore – Il n'a pas de genre musical réellement arrêté mais n'écoutera jamais de métal et autre genre à grosses guitares, chanteur qui gerbe ses cordes vocales – Il n'a pas peur de dire ce qu'il pense, bien au contraire, ce qui lui a souvent joué des tours - Véritable accro à son Blackberry - Brad Pitt fut son premier amour – Il joue toujours avec les stylos dès qu'un passe à portée de main – Ce n'est pas un grand fanatique d'arts, s'il aime bien faire quelques expos de temps en temps, ce n'est pas un domaine qui le transcende - Il déteste les surnoms, mais est le premier à en donner à tout le monde - Dès qu'il commence à s'ennuyer, il a cette façon énervant de lever les yeux en l'air, soupirer légèrement mais assez fort pour qu'on l'entende - Il lui arrivera d'ailleurs de vous laisser en plein milieu de phrase pour aller vivre sa vie ailleurs - Impossible de lui faire passer un voyage en voiture sans qu'il n'allume la radio - Il ne laisse jamais un verre vide - Lane n'a jamais appris à nager - d'ailleurs, il trouve toujours des excuses bidons dès qu'on lui propose d'aller nager ou juste mettre les pieds dans l'eau - Sportif mais pas trop, il s'en tient à un jogging le matin, juste après son réveil - Pendant deux mois, il a voulu faire chasseur de tornade, flemme et lucidité l'ont ramené sur terre - Il s'est promis de devenir végétarien un jour - Contrairement à ce que l'on pourrait penser, Len n'est pas un grand coureur de jupon. Il couche ailleurs, mais pas souvent - Il a du voir toute la filmographie de Martin Scorsese - Parler philosophie, politique, actualité ou n'importe quel autre sujet qui fâche est son grand dada - Il aurait aimé avoir la main verte, malheureusement les plantes semblent mourir à son contact - Il semble avoir un truc avec les enfants qui apprécient sa présence aussi bien qu'il apprécie la leur - ne lui parlez jamais de Poppeye - C'est un adepte de l'humour lourd, ou l'humour noir -

Lèvres posées sur les siennes, je glisse ma main sous son t-shirt, l'entraînant à ma suite à l'intérieur du loft. La porte d'entrée claque derrière nous, et je le plaque rapidement sur la parois, un sourire se dessinant sur mes lèvres. Jett, James, peu importe répond par un nouveau baiser, rapidement interrompu quand il pose ses mains sur mon torse pour me pousser vers l'arrière. J'arque un sourcil, sans réellement comprendre ce qui lui arrivait. Mon loft n'est pas assez bien pour lui ? Un bref rappel à la raison concernant le fait de suivre de parfaits inconnus chez eux ? Rencontré il y a une heure dans un bar, je ne l'avais pas attiré ici contre son gré. Un début d'énervement commence à poindre, mêlé à une incompréhension naturelle. Je n'ai pas pour habitude de me faire envoyer sur les roses une fois les portes de mon appartement franchies. « Un problème ? » Sa mâchoire se crispe, et Jett désigne du menton le salon. « A toi de me le dire. » Bref coup d'oeil derrière moi, l'évidence apparaît, claire comme de l'eau de roche. Bordel. Jamie est assise en tailleurs sur le canapé, un sourire amusé sur les lèvres, prête à éclater d'un de ses rires insupportables. Je laisse passer quelques secondes, latentes, comme assommé par l'enchaînement rapide d'évènements. Comme un con. « Et bien Jett, je pense qu'on va devoir remettre ça à plus tard. » « James. » Jamie pouffe, ramène ses jambes vers elles pour se poser en tailleurs, un pot de glace entre les mains, comme devant un des films qu'elle me forçait à regarder toutes les deux semaines. « Va te faire foutre. » J'aurais bien aimé oui. James se retourne, claque la porte et je laisse échapper un soupir. Main passée dans mes cheveux, pour les ébouriffer légèrement, je sors mon paquet de clope de ma poche, coince la marlboro entre mes lèvres avant de l'allumer. « Tu fais vraiment chier Jam' » Elle hoche du chef, plonge sa cuillère dans le pot de glace. « Il était moche. Je te rends service.» Je m'écroule sur le canapé, à ses côtés, tirant sur la clope comme sur une putain de bouffée d'oxygène. « Tu restes combien de temps cette fois ? » Ses joues se teintent d'un léger rose, mon dieu, ça s'annonce mal. « … Juste quelques semaines ? Deux ? Ou trois ... » Autant dire le mois. Un mois d'abstinence, de fringues balancées ça et là dans l'appart que je vais devoir ranger, de musique beaucoup trop forte, veillées jusqu'à pas d'heure. Je passe un bras autour de ses épaules, et Jamie repose sa tête contre mon épaule. « Tu veux en parler ? » « Demain. » Jamie était une vraie boule de nerfs, inconstante au possible, trait qu'elle tenait de Maman. Elle devait s'être pris la tête avec sa nouvelle coloc, ou son nouveau copain, peu importe. Dès qu'il y avait un problème, elle atterrissait ici. Sorte de refuge qui se transformait rapidement en hôtel quatre étoiles à ses yeux. Une petite princesse. Qu'importe, je ne pouvais pas me séparer de ma petite soeur, quitte à me plier à son bon vouloir.

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« Lane ! » La voix de Jamie raisonne dans l'appartement, répétant sans cesse mon prénom depuis maintenant quelques minutes. Paupières closes, quelques secondes de pause sont les bienvenues pour me concentrer, remettre la situation en place, post réveil. J'ouvre les yeux, les refermant presque aussitôt, les maigres rayons du soleil filtrant à travers les rideaux agressant mes pupilles. « T'as une gueule de cadavre. » Je laisse entendre un soupir, passe à tâtons ma main sur la table basse à la recherche de mon paquet de clope. Une marlboro entre les lèvres, que j'embrase rapidement pour tirer une latte, je recrache une ligne de fumée sur le visage de ma petite sœur, accoudée au canapé, penchée sur ce qui ressemblait bel et bien à mon cadavre. « Je t'emmerde. Tu devrais être à l'école. » Nuit passée à bosser, je n'ose même pas jeter de coup d'oeil à la table et le sol m'entourant. Tasse de café vide, cendrier rempli de mégot, et un amas de feuilles balancées un peu partout. « Tu devrais être au boulot. » Il me reste encore une bonne heure, j'embauche à neuf heures. Nouvelle latte tirée, l'angoisse débarque rapidement, se logeant dans le ventre et vidant le cortex de toute réflexion censée. Le doute fait parler les réflexes : je tombe à moitié du canapé, attrapant mon portable pour constater de l'heure. Neuf heures moins le quart, je devrais déjà être parti. Fait chier, fait chier. Sans un mot à ma sœur hilare, j'essaye de rassembler tous les papiers pour les fourrer dans mon attaché case, attrape une chemise propre, l'enfile et me jette hors de l'appartement. (…) Passé le contrôle de sécurité en bas du cabinet, je m'engouffre dans l'ascenseur, portes sur le point de se refermer. J'ai l'air d'un putain de clochard, le nœud de ma cravate négligé. Sebastian, un des collaborateurs, se tient face à l'ascenseur quand il réouvre ses portes à l'étage désiré. Mine fermée comme à son habitude, une sorte de cliché ambulant du cinquantenaire hautain, possédant son propre bureau, et ne prêtant attention à ses subordonnées que quand il n'en a plus le choix. « En retard. » « De cinq minutes. » « En retard. » Il tourne les talons, fend le couloir principal d'un pas leste, rapide, quasi martial, que je m'entête à suivre en essayant de ne pas semer mes dossiers sur le chemin. « Une solution pour le dossier Edlinson ou en retard également ? » Il ne m'adresse pas le moindre regard, pas la peine. « Nullité de la clause compromissoire. » Hochement de tête de sa part, m'indiquant que non, je ne suis pas le total imbécile qu'il avait pu imaginer, comme tous mes semblables avoués présent dans les box du trente deuxième étage. « Je te présente monsieur Fitzpatrick, tu continueras avec lui sur le cas Edlinson. Sur mon bureau avant dix-sept heures. » Yeux alors rivés sur mon dossier, je redresse le visage à l'annonce de ce nom. Isaac. Isaac Fitzpatrick me dévisageant d'un air moqueur comme à son habitude. Le même sourire, les mêmes yeux plein d'arrogance. Lui, ici, dans la même boite que la mienne. Obligés de travailler l'un avec l'autre, ou de se battre encore une fois pour les dossiers, prouver notre supériorité sur l'autre. Combat de coqs.