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 Contexte.

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@Jeffrey

@Jeffrey



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MessageSujet: Contexte.   Contexte. EmptyLun 23 Avr - 18:36



- Tu as vu ce que Dieu vient de nous faire, vieux?
- C’est pas Dieu qui l’a fait, c’est toi!

Si tu n'es jamais venu à Little Rock, je te le dis net, tu as raté ta vie mon beau. Little Rock, c'est environ cent quatre vingt dix mille connards en goguette, des blonds, des bruns, des grands, des petits, des poilus, des imberbes, de la vieille peau, de la chaire fraiche. Little Rock, c'est l'endroit le plus hype de l'Arkansas, avec des bobos qui se la jouent hipster californien, d'autres plus branchés pull à col roulé, porte cigarette et compagnie. Mais tu vois, Little Rock, ça serait qu'une autre ville parmi tant d'autres s'il n'y avait pas eu Liberty Avenue. Ce concentré coloré de bonne humeur, une fête presque permanente, un esprit ouvert, un parfum bonne humeur légendaire. Le village gay comme certains aiment l'appeler. Alors tu vois, à Little Rock, tout le monde peut trouver sa place, quelle qu'elle soit.


Dernière édition par @Jeffrey le Lun 13 Aoû - 19:05, édité 15 fois
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@Jeffrey

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MessageSujet: Re: Contexte.   Contexte. EmptyMar 24 Avr - 15:33



La nuit, toutes les folles sont grises.

Sujet: Où sont les hommes ?

Posté aujourd'hui à 04:25.

Hier soir, inauguration de la nouvelle boite de nuit sur Liberty Avenue. L'endroit branché par excellence, dans le coup, the place to be, Néons multicolores, foule compacte, et surtout, une piste de danse que je foulais tel Travolta dans Saturday Night Fever, une Marguarita à la main que je déversais sur un inconnu, beau comme un cœur, des pommettes saillantes, regard azur dans lequel je me noyais façon le grand bleu. Mon dieu. Pédale amoureuse, je venais de rencontrer l'homme de ma vie. Du moins, le temps que pouvait durer cette illusion. Loin de comprendre que nous étions en train de jouer un remake de Coup de foudre à Nothing Hill (moi Julia, lui Hugh), il m'a incendié en m'indiquant deux fois le prix de son costume tout droit sorti de chez Vintz. Vintz, le nom raisonnait alors comme une évidence: l'homme de ma vie était un hétéro. J'ai donc naturellement passé le reste de ma soirée à jouer l'ivrogne du quartier, accoudé au bar, sirotant tous les cocktails me passant sous la main. Mauvaise habitude, l'ébriété mêlée à une solitude profonde me rend philosophe. Sociologue. Psychologue, et j'en passe. La question du soir était donc: comment l'ex homme de ma vie me voit, moi, en tant qu'homosexuel.

Ci-joint, l'intégralité de mes réflexions alcoolisées:

Avec mes potes, on se serre dans nos bras dès qu'on se voit, on se claque de grandes bises sur les joues, voire bouche quand il n'est pas trop moche, et on s'appelle tous mon cœur, ou mon ange. C'est comme un rite de passage. Tu veux entrer dans la bande ? Trouve toi un surnom, et achète un t-shirt à l'effigie de Madonna (parce que oui, on écoute tous de la pop en se trémoussant devant notre miroir de salle de bain). Et si le t-shirt est rose, c'est encore mieux. C'est notre couleur de ralliement. Pas besoin du Gaydar, le rose suffit, c'est voyant, de mauvais goût, et quand Madonna est belle et bien dessus, le doute n'est plus possible sur la personne. Elle fait parti de votre Team. La Team Tapette, pédale, tante. Ouais, on a tous beaucoup souffert de ces surnoms au lycée, notre meilleur ami hétéro de l'équipe de football nous a tourné le dos après notre coming out, ne voulant plus partager ce pain au chocolat qu'on avait pourtant l'habitude de savourer ensemble depuis le bac à sable. Ô tristesse, ô désespoir. Dire qu'il n'a même pas pu visiter ma chambre, toute refaite (papier peint avec des licornes, plein de peluches sur mon lit, et bien entendu, sa photo encadrée un peu partout sur mon bureau). J'en suis toute chose.

Trêve de conneries. Ma version des faits, le vrai moi:

Je déteste le rose. La dernière fois que ma mère est venue avec un t-shirt de cette couleur comme cadeau de paix après notre dispute, j'ai vomis dessus (j'étais bourré). Non, je ne porte pas de jean léopard ultra moulant, ni de boa fluo autour du cou. Je met parfois des chemises en flanelle. Comme un homme, oui, un vrai, un dur, qui coupe des arbres, se fait pousser la barbe, et bois le sirop d'érable à la louche – ndl, je n'ai rien contre les canadiens, je suis même sorti avec un semi bucheron pendant un voyage scolaire au lycée. Ma culture musicale ne s'arrête pas non plus à Madonna, Prince et Elton John. J'écoute aussi du 50cents dans mes périodes gangsta, les Stones et AC/DC dès que je saute dans ma voiture, et toutes les autres merdes passant en boucle à la radio. Mon meilleur ami faisait bien parti de l'équipe de foot, mais ne m'a jamais tourné le dos – et ça, dans tous les sens du terme. Je n'ai jamais pensé à sauter par la fenêtre, ni n'ai fait de vidéo postée sur Youtube pour partager ma souffrance post-coming out ; mes parents n'en avaient rien à foutre de ma sexualité, et au moins, je ne ramenais pas de gosse hors mariage pendant le lycée. Je n'ai jamais rêvé d'être styliste, je suis devenu banquier. Je n'aime pas les licornes. Je ne lis pas la presse à scandale (pas forcément vrai ça), ni la presse gay. En fait, j'ai presque la même vie que mon voisin d'en face, Steve, sa femme en moins.

Bien à vous, hétéros et pédales,
Jeffrey.
Post-scriptum: Si toi, homme de ma vie au t-shirt plein de Marguarita, tu lis ce message, et cherche désespérément à me revoir, tu trouveras mon numéro plus bas sur ce site.


Dernière édition par Admin le Mer 25 Avr - 14:51, édité 11 fois
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