Lève les yeux au ciel trois cent fois par jour – Se ronge les ongles – Boit trop de café – Dessine lorsqu'elle est stressée – Son téléphone contient sa vie – Fait la grimace dans le dos de sa mère, telle une enfant de cinq ans – Râle les trois quart du temps – mange pour quatre mais ne prends pas un gramme – Déteste le rose – Est une maniaque obsessionnelle de l'ordre – N'as jamais séché les cours, fumé ou pris une cuite – Se brosse les dents au moins quatre fois par jour, les dents jaunâtres, c'est sa phobie – Passe son temps-libre à lire – A une imagination débordante – Zappe toutes les quatre minutes lorsqu'elle regarde la télévision – Est dingue des films à l'eau de rose – Pleure comme une madeleine devant les dessins animés – Croit en l'amour – N'aime pas les enfants, elle les trouve bruyants et ennuyeux – Ne porte que des talons hauts, au plus grand regret de ses pieds – Pourrait adopter tout les animaux de la SPA si son père le permettait – Déteste le froid, la neige et la pluie – Est plus froussarde qu'une fillette de dix ans – Croit à la magie vaudou – Craint de finir vieille fille et de vivre avec trente chats – Trouve la société actuelle répugnante, avec tout ces gens qui osent s'amuser – A toujours été une fan du sport, que ce soit l'aviron, la gymnastique, la danse, l'équitation, ou le tir à l'arc – Se mariera un jour avec Sébastian Stan, elle en est convaincue – Passe souvent la main dans ses cheveux – Ses joues ont tendance à rougir trop souvent à son goût – Est vieu jeu et qualifiée de coincée par ses pairs – Etudie avec minutie la biologie – Respecte toujours les règles à la lettre – Va à l'église tout les dimanches et participe à toutes les actions qu'elle mène – N'aime pas la cuisine mexicaine, trop épicée à son goût – Vit une relation conflictuelle avec sa soeur aînée qui est tout son inverse – Est la reine des potins en tout genre – Frétille à l'idée d'aller faire du shopping – Conduit comme une grand-mère – En grand frileuse, elle porte quatre couches de vêtements l'hiver – Possède une jolie collection de maillots de bain – Rêve de visiter tout les pays du Monde – A horreur de la saleté – A peur la nuit – Refuse de se baigner dans la mer, ayant trop vu les dents de la mer - Oublie souvent ce qu'elle doit faire – Prends des douches interminables qui font hurler son père.

« Merde, juras-tu en vérifiant l'heure sur l'écran de ton téléphone portable. » Tu accéléras le pas en prenant garde à ne pas coincer les talons de tes chaussures entre les dalles de la rue du Holly Spring District menant à l'université. Tes cheveux claquaient au vent alors que tu essayais de marcher tout en tapant un message à l'intention d'une de tes amies pour lui demander de te garder une place. Tu n'arrivais pas à croire que tu allais être en retard. Ce serait la première fois en deux ans et ça t'angoissait bien plus que de raison. Tout ça, c'était la faute de ta soeur, Loara, qui devait te réveiller à sept heures dix-sept mais qui, après une nuit passée à faire la fête avec ses amies, s'était tout simplement écroulée sur le divan. C'était les éclats de voix de ta mère qui t'avaient sorti du sommeil. Tu grognas à ce souvenir. Se faire réveiller par un tel son strident n'était pas la chose que tu préférais, c'était certain. Tu avais enfilé une robe un peu au hasard, priant pour qu'elle ne soit pas froissée. D'ordinaire, tu étais toujours tirée à quatre épingles et tu avais peur que les gens remarquent les quelques mèches rebelles qui s'échappaient de ta queue de cheval. Tu fis un petit signe de main à Jane Jenkins, une femme à côté de laquelle ta mère avait pris l'habitude de s'asseoir, à l'église. Tu portas instinctivement la main à ton cou où pendait un médaillon à l'effigie de Jesus Christ. Tu le faisais toujours lorsque tu te sentais nerveuse. Tu soupiras bruyamment en t'arrêtant au passage piéton. Tu étais une élève modèle, la favorite de tes professeurs, alors pourquoi Dieu te punissait-il en t'infligeant un retard ? Tu voyais déjà les autres étudiants rirent en te voyant arriver après l'heure. Tu les détestais, tu les détestais tous. Ils passaient leur temps à faire la fête, à boire de l'alcool et à s'envoyer en l'air. Ils pouvaient mener une vie de péché si ils le voulaient, mais ce n'était pas ton cas. Ils blasphémaient le précieux cadeau que Dieu leur avait fait. Ils étaient irrespectueux, vulgaires et dépravés. C'est pour cela que le Monde tournait si mal, à cause de gens comme eux. Si la Terre était entièrement peuplée de chrétiens comme vous, tout irait beaucoup mieux, tu en étais certaine. Tu traversas l'immense jardin central de la South University en sentent des dizaines de regards sur toi. Tu regardas discrètement ton reflet dans l'écran de ton smartphone flambant neuf, le dernier ayant malencontreusement fait une chute mortelle depuis le haut d'un escabeau. Encore une injustice, tu tentais d'accrocher la bannière annonçant la kermesse organisée par l'église alors qu'il avait glissé de ta poche arrière, s'écrasant sans parcimonie sur le sol poussiéreux. Tu grimpas les marches menant à l'amphithéâtre accueillant le cours de chimie. Tu poussas le plus silencieusement possible l'une des doubles-portes, espérant que ton arrivée ne serait pas remarquée. C'était sans compter sur tes talons aiguilles que tu te maudis d'avoir mis. Bien entendu, toutes les têtes se tournèrent vers toi. Tu adressas un petit signe au professeur avant de gagner ta place à côté de Carlie. Tu entendis plusieurs phrases murmurées qui t'étaient adressées. C'est ton copain qui t'a retenu, ce matin, Kovaleski ? Vous avez passez une nuit si sauvage que tu n'as pas réussi à te réveiller ? C'est quoi ce que tu as dans le cou, un suçon ? Wahou, et bien, pour une petite sainte, t'es pas si sage, finalement. Tu tentas de les ignorer, gardant pour toi que la trace rouge dans ton cou était dû à la pomme de la douche qui t'était brutalement atterrie dessus. Tu les trouvais stupides et si hormonés que ça en devenait ridicule. Ils te charriaient avec le sexe sans arrêt, et à chaque fois, tes joues prenaient une couleur rouge affreusement gênante. « Hé, c'est pas la robe que tu portais hier que t'as sur le dos ? Te demanda à voix basse ton amie. » Tu croisais les bras sur la table avant d'y enfouir ton visage. La journée allait être longue, tu le pressentais.


« Tu sais à quoi tu ressembles dans cette robe ? » Tu fronças les sourcils, pas sûre d'avoir envie d'entendre la réponse. Ta soeur se tenait devant toi, les mains sur les hanches, agitant négativement son adorable tête blonde. Tu soupirais, depuis que tu avais accepté de l'accompagner à cette stupide soirée, elle n'avait cessé d'être sur ton dos. « On sort ce soir Everleigh. Dans une boîte de nuit, tu sais, un endroit où les gens s'amusent. » Tu ne relevais pas, tu savais que Laora n'avait pas vraiment une opinion favorable quant à ta façon d'aborder la vie. Elle te trouvait ennuyeuse, trop prévisible, vieux jeu et étroite d'esprit. Tu souris en toi-même, elle te reprochait souvent d'être trop sage, mais tu n'échangerais pour rien au monde ta vie de gentille chrétienne étudiante en biologie pour sa vie à elle. Laora sortait presque tout les soirs, tenait l'alcool comme un camionneur, dansait sur les bars, portait des pantalons en cuir, jurait et s'envoyait en l'air avec tout la faune de Little Rock. Filles compris. « Retire ta robe de grand-mère et enfile ça. » Elle te tendit un minuscule bout de tissu noir. « Et le bas ? » Elle ouvrit grand ses yeux bleus en te regardant comme si tu venais de lui demander à quoi servait un téléphone portable. « C'est une robe. Tu me fais peur Everleigh parfois. Je pense que tu devrais arrêter de fréquenter toutes ces vieilles peaux de l'église, j'ai l'impression d'avoir à faire à une femme mariée de quarante ans, hors tu n'as que vingt ans et ta vie est ennuyeuse à mourir. » « Merci pour la consultation docteur Freud, grognas-tu. » Tu retiras ta robe pour enfiler celle de Laora. Tu regardas ton reflet dans le miroir avant de faire une petite grimace. Tu ressemblais à une de ces filles bas de gamme qui s'habillaient comme des prostituées pour attirer l'attention des garçons. « Je peux pas sortir comme ça. » « Oh allez Everleigh, c'est mon anniversaire, tu pourrais paraître désirable pour une fois, non ? » Tu grognas, blessée. D'accord, tu n'étais peut-être pas la fille la plus sexy du monde, mais elle n'était pas obligée de te le rabâcher sans cesse. Tu pensais que l'amour n'avait pas besoin de tenue aguichantes pour pointer le bout de son nez. Tu redoutais déjà ce qui allait se passer ce soir-là. Tu n'avais été qu'une fois ou deux en boîte de nuit, et tu t'étais sentie comme un poisson hors de l'eau. Tu étais discrètement restée assise sur une banquette en repoussant des hommes éméchés un peu trop entreprenants. « Tu verras, tu vas bien t'amuser. A condition que tu décides de desserrer les fesses. » Tu grimaçais, pas franchement convaincu. Toi, prendre du bon temps dans un bar dédié aux homosexuels en tout genre ? Tu en doutais. Ce n'était pas que tu étais contre-eux, non, pas vraiment, mais pour toi, c'était difficilement concevable. Après tout, l'espèce humaine était faite pour se reproduire, et deux membres du même sexe ensemble ne contribuaient pas vraiment à cet objectif suprême. « Permet moi d'en douter. » « Je te présenterais Bridget, tu verras, tu vas l'aimer. » Bridget, sa petite-amie du moment. Tu te mordais la lèvre inférieure. Tu savais que ça allait définitivement être bizarre. Après tout, ta soeur, que tout le monde prenait pour une autre progéniture parfaite made in Kovaleski, était une débauchée bisexuelle dépravée et fière de l'être. Tes parents lui hurlaient régulièrement dessus, espérant qu'elle rentrerait ainsi dans le droit chemin, mais Laora était un électron libre et avait décidé que sa vie ne lui serait pas dictée par sa famille. Parfois, tu l'enviais quelque peu, même si tu préférais te couper une main plutôt que de l'avouer et de renforcer ainsi son égo déjà immense.