My lifie is what it is.
Je regardai le plafond lézardé de toutes parts, tentant de suivre chaque trait des yeux, un-à-uns. C'était une chose que j'avais pris l'habitude faire quand j'étais perdu, quand je ne savais plus que faire, que dire, que croire. C'était justement ce qui m'arrivait. C'était la première fois que mon esprit était aussi embrouillé. Je ne comprenais plus rien. J'avais l'impression que la vie s'acharnait sur moi. Franchement, mais qui avait décidé que je sois comme ça ? Je n'avais jamais demandé d'aimer les garçons, jamais. Alors pourquoi Dieu, Bouddha, ou mère nature - peu importe son nom - avait-il voulu me rendre homosexuel ? Je n'en savais rien. Mais j'étais un peu désespéré. Je me laissais recouvrir par mon tas de coussins et mes couvertures épaisses. Je ne voulais voir personne. Et j'avais 15 ans.
-Bande de petits voyous !
Hilares, Anthony et moi courions. Ce n'était certainement pas la première fois que je commettais un vol, non. Je faisais ça très régulièrement. Mais pour la première fois, Anthony, mon meilleur ami, et moi, venions de nous faire choper par la caissière de l'intermarché en train de piquer un jeu-vidéo. La main sous la veste, je sortais mon butin pour que mon ami puisse mieux le voir. On avait vraiment hâte de pouvoir y jouer ! Mais on avait aussi intérêt à ne jamais revenir dans ce magasin, sous peine de nous faire allumer si nous étions reconnus. Les petites délinquances du genre, on en avait l'habitude. C'était notre manière à nous d'oublier nos problèmes et de nous amuser. Et puis... d'obtenir ce que nous voulions. Pour l'instant, nous n'avions jamais été "attrapés", et nos parents n'en savaient donc rien. J'avais de plutôt bonnes notes et, même si mon comportement laissait un peu à désirer, ils me laissaient donc faire ce que je voulais. Et j'avais 16 ans.
Le cœur léger, j'avançais seul dans la rue. Je n'en étais pas au point de chantonner et de rire à gorge déployée, mais je me sentais bien. Le matin même, j'étais parti, la peur au ventre, sachant que le grand jour était venu. J'avais décidé de tout balancer, de tout dire, que ce soit à mes amis comme à mes ennemis. Cela avait déjà été fait avec ma famille, qui l'avait plutôt bien pris, et ainsi encouragé à faire des aveux généraux. Au lycée, c'était moins bien passé. Les habituelles idées reçues avaient prises le dessus, même si mes meilleurs amis ni voyaient aucun inconvénient. Le bac arrivait dans quelques semaines, et je savais que je pourrais tenir avec des remarques pendant cette durée. J'étais heureux et rien n'aurait pu me rabaisser le moral. Et j'avais 18 ans.
Je me retournais dans mon lit. A mes côtés se trouvait un homme. Il devait avoir une vingtaine d'année, tout au plus. Je ne connaissais même pas son nom. Pourtant, je connaissais des choses bien plus intimes sur lui, car vous vous doutez bien que nous ne venions pas de passer la nuit à jouer au scrabble. Cela faisait quelques mois que je me comportais comme ça, couchant à droite, à gauche, avec des mecs que je connaissais plus ou moins. Cela ne signifiait pas que j'étais infidèle, ne vous méprenez pas ! Je n'étais tout simplement pas amoureux. Je faisais tout ça en parallèle avec mon école de cinéma, où j'étais en 2nd année. C'était cette vie que j'aimais, et je ne l'aurais changée pour rien au monde. J'aimais être actif de jour comme de nuit, travailler, m'amuser, sortir en boîte ! J'étais jeune, et j'en profitais. J'avais toute la vie devant moi, et j'osais espérais qu'elle serait bonne. J'avais appris à vivre avec ma sexualité, sans se soucier des personnes qui pensaient que les gens comme moi n'avaient même pas le droit de vivre. Et j'avais 20 ans.
(Gif by bellazon)