« Alison, décroche le téléphone. S'il te plait... Je sais que tu es chez toi. C'est le vingtième message que je te laisse, je n'ai toujours pas saturé ton répondeur, tu les écoutes n'est ce pas ? ... Alison ! J'ai besoin de te parler, j'ai besoin de toi ... Tu ne peux pas faire la morte comme ça, ça fait dix ans maintenant ... il, il est en prison... des pleurs Rappelle moi. »
08:15 PM
tu es à côté du téléphone, tu as écouté les paroles de la femme en bouffant des pop-corn, tout en regardant le film sur ton écran plat. T'en as rien a foutre en fait, alors tu retourne t'asseoir.

« des pleurs c'est encore moi... je te dois des excuse, j'en suis consciente... même après tout ce temps, il faut que je te vois. J'ai ton adresse Alison, je serai là la semaine prochaine. » tu empoignes le téléphone, à fin de parler à ton interlocutrice. Si tu ramènes ton cul de vieille peau ici, je n'hésiterai pas à te foutre à l'hospice, maman ! Je n'existe plus, Alison n'existe plus. tu raccoches. Tu cries de rage. Tu retournes t'asseoir sur ton canapé. Face à cet écran géant, tu pleures. Pourquoi personne ne t'avait dit que la fin d'Harry Potter était aussi pourrie ?
09:45PM

Alison ... Les doigts de la jeune femme se crispe sur l'accoudoir du fauteuil, leur extrémité en devient blanche. J'entend son soupir, tout son corps semble se raidir, elle me regarde, force un sourire. Je vous ai déjà dit, docteur, de ne pas m'appeler ainsi. Elle tente un rire, voulant détendre l'atmosphère pesante qui vient de s'installer dans mon cabinet. Je lui adresse un sourire, poli. Un chaleureux serait impossible, puisque faux, elle ne prendrait pas une minute pour s'en rendre compte. Vous ne pouvez pas nier votre identité éternellement, tenter d'oublier le passer c'est une chose, l'effacer en est une autre. Elle croise les jambes, ne répond pas, mais sur sa bouche se dessine un fin sourire, elle semble amusée. Son index tapote nerveusement l’accoudoir à présent. Elle se contient. Pour ne pas exploser. Des heures que je la titille sur son passé, son enfance, lorsqu'elle répondait encore au nom d'Alison. [color=IndianRed]Je le vis bien, merci.[/b] Me dit-elle d'un ton froid. Son regard est noir, sa mâchoire se serre. Nouveau soupir. Elle regarde sa montre, agacée. Déjà envie de partir ? Soixante quinze dollars de l'heure, et vous ne servez strictement à rien. Je ne relève pas, bien trop habitué à ses attaques diverses et variées depuis des années maintenant. Parlez moi de vous une fois de plus. La vraie. Se sont ses talons qui tapotent le sol à présent, elle lève les yeux au ciel, comme pour que je me rende compte de l'inutilité de la chose. Celle que vous appelez Alison n'existe plus. Elle est morte le jour où ... La jeune brune fronce les sourcils, elle passe une main dans ses cheveux. Se donne du courage. Le jour où ils ne l'ont pas enfermé. Il est derrière les barreaux maintenant, alors, pourquoi ... Elle ne me laisse pas finir ma phrase, son ton reste des plus glacial. Il fallait y penser avant. Aujourd'hui je n'ai plus rien à voir avec cette fille. Je me suis satisfaite du passé. Elle s'était redressée, presque debout, elle se laisse tomber à nouveau dans le siège en cuir, le regard vide. Je ne suis pas sûr de comprendre Alison. J'entends ses dents grincer tant elle les serre, elle serre le poing cette fois, ses doigts craquent. Son regard pourrait réussir à me faire peur. Grâce à lui, je suis devenue moi. Il m'a fait grandir. Il a fait de moi celle que je suis aujourd’hui, je ne changerai ça pour rien au monde. Un rire. Je ne me soucis plus que de mon bien être. Vous autres n'êtes rien. Des pions sur l’échiquier de ma vie. Bon à foutre aux ordures une fois utilisé. Elle est debout, face à moi, moi je suis en train de m'enfoncer toujours un peu plus dans mon fauteuil à mesure qu'elle hausse le ton. Je n'écoute même plus ce qu'elle me dit, une séance sur deux se termine de la même manière, elle m'envoie en pleine gueule son point de vue sur la race humaine, qu'elle met plus bas que terre. Les hommes ne sont rien pour elle, les femmes non plus. Incapable de se respecter elle même, elle ne respecte personne. Son répertoire est pourtant remplis, des faux semblants, sans cesse. Sociable, associable à la fois, généreuse, naïve et pourtant si égoïste, soucieuse, narcissique. L'hypocrisie la ronge au même rythme que les anti-dépresseurs. Filez moi ces putains de cachets qu'on en finisse. Je n'ai pas le temps de répondre qu'elle attrape l’ordonnance déjà prête sur mon bureau. A la semaine prochaine. Elle m'adresse son plus beau sourire avant de claquer la porte du cabinet.