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 little girl, little girl, you should close your eyes. (lore)

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Wolfgang Trush

Wolfgang Trush

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MessageSujet: little girl, little girl, you should close your eyes. (lore)   little girl, little girl, you should close your eyes. (lore) EmptyMar 4 Sep - 14:17


Je lui ai laissé la porte ouverte, pour que jamais elle n'hésite à pénétrer dans l'antre du lépreux. Pour qu'elle puisse contempler les traits cachés de l'humain malade. Je lui laisse le triste privilège de regarder ma souffrance avec ses yeux de petite fille. Parce que je crois que je lui fais confiance, un peu. Ce n'est pas de l'amour, et je crois que ça n'en sera jamais. C'est de la tendresse. Une tendresse immense, délicieuse, même. Parfois, elle me berce dans une contrée qui n'est pas mienne. Souvent, elle me fait oublier les boîtes en cartons posées sur ma table de chevet. Toujours, elle reste belle. Même le plus impassible et le plus froid des hommes perd son expression neutre et se met à brûler. Brûler, comme le désir au bas de mon ventre. Mais je repousse la chaleur et aspire au froid. Je ne dois pas. Je ne peux pas. La jolie est déjà un risque à elle seule, et je devais me forcer à mettre des barrières plus hautes, pour que jamais je puisse les traverser. À ces barrières, il était temps que j'y ajoute des ronces, des barbelés. Pour qu'à chaque fois que je m'y frotte, j'y perde quelques plumes, un peu de sang, un petit bout de moi. Et j'arracherais mon corps abîmé à cette muraille, y laissant quelques lambeaux de mon esprit en putréfaction.

Elle sait que la porte reste ouverte, elle sait que parfois, je l'attends. Que de temps à autre je cherche son odeur, sur la taie blanche de mes oreillers. Mais ce qu'elle ne sait pas, c'est que quand je retrouve son parfum exquis, je lave tout, pour oublier qui elle est, pour ne pas m'embourber dans le risque de l'attachement. La jolie avait un pouvoir étrange, elle parvenait à arracher ma colère et mon mépris. Elle les roulait en boule, crachait dessus puis les balançait par dessus la fenêtre. Elle faisait fondre le masque de Wolfgang. Heureusement, elle n'avait jamais deviné les nombreuses perles salées qui roulaient sur mes joues pâles. Enfin, je crois. Et puis moi j'étais comme un pauvre mendiant, qui hurlait des appels au secours en silence. Mes yeux imploraient son affection. La jolie, je pouvait la modeler à ma façon, et elle venait toujours, dans l'état d'esprit qui me convenait le mieux. Moi je l'aime bien, la jolie gentille fille. Ses yeux qui me font penser à de grands lacs verts, dont le font est insondable.

Qui es-tu Lore. Une voleuse. Une pute. Un jouet. Une joueuse. Un triste pantin aux ficelles cassées. Qui suis-je moi Wolfgang. Le volé. Le micheton. Le joueur. Le jouet. Celui qui coupe les fils. Parce que oui, tiens, reprends ta liberté. Moi je ne veux pas te briser les ailes, je ne veux pas t'emprisonner dans mes bras. Tu peux partir quand tu veux. Tu sais moi je t'en voudrais pas. Je suis pas comme les autres, je suis pas comme ceux qui te donneront quelques billets pour du plaisir. Moi j'aime vraiment ses cheveux blonds, et puis j'aime vraiment sa jolie bouche. Mais ça elle ne le sait pas. Parce que même si elle arrache mon masque, elle ne sait pas tout. Il y a les barrières, les grandes et hautes barrières. Si elle s'y frotte, c'est elle qui laissera des lambeaux de chair. Et avec une moue désolée, je lui dirais que je ne lui avais pas prévenue. Mais elle ne m'en voudra pas, j'en suis sûr.

Je me lève de mon lit, me dirige vers la porte. Je l'entrouvre dans un petit grincement. Celui qui abîme un peu les tympans. Je jette un coup d’œil dans le couloir puis je soupire. Lessivé, fatigué, comme un orphelin, je retourne m'asseoir en tailleur sur mon lit. Propre, qui sent moi, qui sent le sel des larmes. L'hébétude, l'habitude. Le trop, le rien. Lore pour combler le quotidien.
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MessageSujet: Re: little girl, little girl, you should close your eyes. (lore)   little girl, little girl, you should close your eyes. (lore) EmptyMar 4 Sep - 15:58




J'ai enlevé mes talons avant de faire le moindre pas dans l'immeuble, pour ne pas faire de bruit, pour ne pas qu'il se doute que je suis là, juste derrière la porte, si près de lui, déjà. J'ai détaché mes cheveux pour qu'ils se transforment en soleil et qu'ils rayonnent tout autour de mon visage. J'ai desserré mon manteau pour laisser deviner mon épaule, blanche, presque laiteuse. J'ai acheté des fleurs, des étoiles et des sourires, pour mettre de la couleur dans son appartement bien trop noir pour moi. J'ai teinté mon rire d'espoir, pour réveiller chez lui un sourire ou une étincelle. J'ai paré mon corps tout entier de cotonneux nuages, pour lui faire croire que je vole, pour lui donner l'irrépressible envie d'effleurer ma peau. J'ai acheté à manger chez le chinois à côté de chez lui, avec l'argent que je n'ai pas, même si je sais qu'il n'aura pas faim, même si je sais qu'il n'en voudra pas. J'ai jeté des bulles dans mes yeux, en espérant qu'elles soient contagieuses et assez légères pour emplir l'espace tout entier entre nous. J'ai taché mes joues d'un rose voilé, pour lui montrer que la vie, c'est maintenant, c'est ici. Et puis, bien sûr, j'ai mis ma plus jolie robe. Celle qui vole, quand je tourne. Celle qui flotte, quand je m'envole.

Derrière la porte, j'ai hésité. J'avais tout préparé. Je m'étais transformée, pas après pas. Et maintenant, j'étais sa Lore. Son ange gardien, aux deux ailes déjà brulées depuis longtemps. Son feu quand à l’intérieur de lui, tout n'est que glace. Ma main ne tremble pas, non. Parce que je n'ai pas peur. Pourquoi devrais-je avoir peur de lui ? Pourquoi les autres ont-ils peur ? J'essaie de me souvenir ce que disent, ces autres. J'essaie d'imaginer ce que diraient mes parents, s'ils savaient ce que je faisais. Tout ce dont je me souviens, c'est son visage d'enfant, ses lèvres pâles et ses cheveux un peu fous qui tombent sur son front blanc. Mes doutes s'envolent. Je suis sa Lore. Et c'est un arc-en-ciel tout entier que je dois faire entrer avec moi dans l'appartement. C'est le bonheur, l'attention, l'ailleurs, que je dois lui apporter sur un plateau d'argent, lui faire bouffer, par le nez s'il le faut.

Sans frapper, sans attendre le moindre signe du principal intéressé, je pousse la porte déjà entr'ouverte. N'importe qui pourrait rentrer, je suis pourtant la seule à avoir envie de le faire. L'appartement sent lui. Et l'eau de javel, comme à chaque fois que je ne pars pas assez longtemps. J'ouvre la bouche. Tu sais, j'savais pas où dormir ce soir, j'avais pas envie d'être chez moi. Seule. Tu l'sais, toi. La solitude, j'aime pas ça. J'suis pas habituée. J'ai peur, même, un peu. Je préfère la compagnie. La tienne, pourquoi pas. Celle de n'importe qui. La tienne. J'aime pas m'endormir seule. Je préfère tes bras, même s'ils sont maigres, même si je sens les os. Et toi, ben toi, j't'aime bien. Ouais. T'es gentil, comme garçon. Non ? Peut-être parce que t'es malade. J'en sais rien, moi. T'es gentil, c'est comme ça. Tu veux devenir Morphée pour moi ce soir ? On inverse les rôles. Tu m'berces, je ronronne. Non ? Non. Non, surtout pas. Je referme la bouche, ravale ces mots qui n'ont le droit de se balader que dans ma tête. Il doit croire que je suis venue pour lui. Pas pour combler un manque idiot qui me hante – et qui pourrait être comblé par n'importe quel crétin. Pour ses beaux yeux – qui me crient des mots – des maux – que je ne comprends pas toujours. L'obscurité me prend à la gorge, mais j'avance. Doucement. En confiance. Exactement comme si j'étais chez moi. Je pose les fleurs, la bouffe et les paquets de rêve dans un coin. Je jette mon manteau et mes talons.

J'aperçois sa silhouette, brisée, avachie sur le lit. Je souris. Il m'attendait. Il ne dit rien, mais je sais qu'il m'attendait. Il n'a que moi à espérer, ici. Seule mon odeur, mon vent, ma voix, peuvent le réveiller de sa douce léthargie, de sa longue errance. Je souris, je souris, je souris. Silence. J'ouvre à nouveau la bouche. Presque inquiète. Wolfgang, c'est moi. Moi. Pour toi. Moi. Qui d'autre ? Ne pas trembler. Surtout pas. Il pourrait penser que j'ai peur. Je n'ai pas peur. Je le promets. Je n'ai pas peur. Lore n'a peur de rien. Surtout pas de Wolf.
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Wolfgang Trush

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MessageSujet: Re: little girl, little girl, you should close your eyes. (lore)   little girl, little girl, you should close your eyes. (lore) EmptyMer 5 Sep - 13:09


Moi je sais qu'elle est là. Qu'elle est arrivée, discrètement, sur la pointe de ses petits pieds blancs. Je sais aussi que dans quelques secondes elle sera là, et que je devrais lutter pour ne pas la serrer contre moi, et la chiffonner, et la couvrir de mille baisers. Mes yeux sont rivés sur les draps impeccables, et il me semble qu'un demi-sommeil s'empare de mon corps fragile et bien trop pâle. Puis je les lève, mes yeux vides, et je la vois. Elle sourit. Et dans ses yeux, sur sa bouche, sur sa peau, il y a un trop plein de belles choses. Des promesses, de la joie, des étincelles, de la vie, de la tendresse, de la poussière d'étoile. Il y a aussi des morceaux de rêve dans ses cheveux. Puis son joli corps, léger, léger, léger. Elle est mon antonyme. Elle a la grâce et la beauté du céleste quand moi je suis dans les entrailles de la terre, brûlant comme un volcan. Baudelaire avait écrit celui qui veut unir dans un accord mystique, l'ombre avec la chaleur, la nuit avec le jour, ne chauffera jamais son corps paralytique, à ce rouge soleil que l'on nomme l'amour. Je me retrouve dans ces vers. Une grimace triste habille mes lèvres, ma réponse aux sourires plein de rêve de la jolie. Elle était l'éternelle candeur. La beauté à l'état pur, prise à même la source. Et quel joli spectacle de la voir là, ses pieds nus dans la moquette, la timidité et effrontément habitant son joli petit corps. Son joli petit être. Ma jolie petite Lore.

Wolfgang, c'est moi. c'est toi rien que pour moi, n'est-ce pas. Avec des gestes brisés, je traîne ma carcasse abîmée hors de son trône de neige. Dans un silence presque religieux, mes pieds glissent jusqu'à elle. Un poids lourd sur les épaules, courbé comme un vieillard, j'avance lentement, pour plus me délecter de son beau visage. Ma grimace tordue se mue en un sourire. Un sourire où l'accablement et la fatigue se lit. À bout de bras à bout de jambes à bout de tête. À bout de moi. D'un geste naturel et tendre, je serre son corps chaud entre mes grands bras froids. Mon souffle tiède dans ses cheveux, je dépose mes lèvres translucides sur son crâne. Mes mains glissent dans les siennes, elle sont douces, ses jolies mains blanches. Mon regard mort caresse son visage. Puis je prends Lore contre moi. Un bras sous ses genoux, l'autre soutenant son dos. Je l'assieds sur le grand matelas blanc. Elle, a-t-elle besoin d'être sentimentalement assistée ? Moi j'ai besoin d'assistance pour tout. Pour la santé. Pour le cœur. Pour la vie. Pour m'entretenir. La jolie est ma sympathique jardinière, elle arrache les mauvaises herbes, elle arrose les fleurs, elle apporte du soleil. Elle est elle-même un soleil, elle regarde son petit système tourner.

Je m'assieds à ses côtés. Je regarde les médicaments sur la table de chevet. Dans un accès de colère, j'envoie les petites boîtes en carton valser contre les murs. Mes mains tremblent un peu. Je suis si désolé. Je ne voulais pas que tu me voies ainsi. mes joues sont rosies par la honte, par la haine aussi. Dis moi Lore, est-ce que tu vois quand ça ne va pas, est-ce que tu arrives à comprendre quand j'ai besoin de m'effondrer. Est-ce que tu devines que souvent j'aimerais bien tirer une balle dans ma tête trop vide. Ma tête gonflée comme un ballon. Et puis boum. J'exploserais, dans un grand bruit. Tu imagines ma cervelle éclatée sur les murs de ma chambre et sur mes draps blancs, mêlés au sel et à ton doux parfums. Pourquoi pas. Après tout, si c'est dans tes bras.

Je fixe son visage, puis m'allonge, mes jambes dans le vide. Ma main aux doigts qui tremblent caressent ses cheveux, puis sa nuque, puis son dos, puis son cou, puis sa joue et puis son front. Je quitte mon havre, puis je me relève. Si tu veux partir parce que je te fais peur, parce que tu n'aimes pas être ici. Tu peux. Tu sais je ne t'en voudrais pas. ma voix est terne et vide, et je fais les cent pas dans la chambre. En fait, je ne veux pas qu'elle parte. Lore, c'est la trêve de la solitude, c'est un drapeau blanc sur un champ de bataille, c'est un bien joli remède. Tu ne seras pas la première. Elles partent toutes. c'est douloureux d'admettre ça. J'en ai presque envie de pleurer. C'est un coup de couteau dans le cœur que de comprendre ça. Je reprends les mains de la jolie. Avec tendresse, je me penche sur son visage et caresse ses lèvres de ma bouche. Sans l'embrasser. Je l'effleure en douceur. Je frissonne, un peu. Mes lèvres entrouvertes capturent son souffle calme. Ma violence et ma colère se perdent dans la douceur de l'instant. À nouveau je reviens à sa bouche, puis l'embrasse, presque avec chasteté. Mais avec déception. Le devoir de s'interdire la luxure. Merci merci merci. Ma tête hurle, mais le silence parle. Je voudrais tant lui dire. Mais je ne peux pas. Je ne le fais pas.
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MessageSujet: Re: little girl, little girl, you should close your eyes. (lore)   little girl, little girl, you should close your eyes. (lore) EmptyMer 5 Sep - 15:58




Ses yeux sont grands. Ses yeux sont immenses. Et quand ils se posent sur moi, j'ai l'intime conviction qu'ils s'agrandissent encore, toujours, jusqu'à bouffer son visage tout entier. Son corps, aussi. Il ne reste que ses yeux. Bleu. Bleu nuit. Sûrement parce que le soleil ne les éclaire pas. Peut-être qu'ils sont plus clairs au grand jour. Je suis certaine qu'ils seraient plus clairs s'il était heureux. Je veux dire, réellement heureux. S'il était vivant. Je me laisse doucement happer par le vide qui hante les orbites. Je saute dans l'infini dédale de son regard. J'oublie de compter les secondes qui passent. J'oublie de suivre ses mouvements. J'oublie de ne pas sursauter quand il me touche. J'étais perdue dans ses yeux. J'en ai oublié ses bras – et son ventre, et ses jambes, et ses épaules. J'ai oublié qu'il était plus que deux pupilles.

Comme le ferait un enfant, il s'empare de ma chaleur en me serrant doucement contre lui. Je partage mon souffle et les battements de mon cœur avec lui. Je m'enveloppe dans son cocon, dans son silence, dans ses non-dits. J'y retrouve ma place. Toujours, elle sera là. Je le sais. Il fait en sorte qu'elle soit accueillante. Un peu. Je voudrais ajouter plus de moi, mais il casse toujours tout. Je voudrais construire une cabane à l'intérieur de lui. Ou une île. Un endroit où, même seul, il pourrait se réfugier. Un endroit où, à deux, on pourrait se réchauffer. Mais je ne suis pas architecte et il arrête d'être coopérant dès que je m'envole. Alors je souris quand son froid rencontre mon chaud. Quand son rien est englouti par mon tout.

Ses bras maigres soulèvent mon corps. Il me dépose dans son nid blanc. Je caresse les draps d'une main distraite. Tout tremble. Les boites valsent par terre. Je compte, silencieusement. Elles sont plus nombreuses que la dernière fois, je crois. Elles sont toujours plus nombreuses et ses yeux sont toujours plus cernés. Je soupire. Je n'ai pas peur. Pas pour moi. Je soupire. Je voudrais agripper ses poignets, lui dire de se calmer, lui hurler de ne pas s’inquiéter, lui rappeler que je suis là. J'aimerais pénétrer son crâne, gober ses idées noires et puis les vomir. Pour que, plus jamais, elles ne viennent assombrir ses yeux qui me tuent. Wolfgang. Wolfgang, tu meurs ? Wolfgang, tu seras encore là la prochaine fois, dis ? Elle sera pas fermée, ta porte ? Wolfgang. Wolfgang, tu vis. Wolfgang, souris. Wolfgang, chut. Je suis là. Mes mots, toujours, se perdent. J'inspire. Il expire pour moi.

Il s'allonge. Je ne bouge pas. J'ai peur de lui faire peur. Moi. De le faire sursauter. De le faire s'enfuir. Mon oiseau, incapable de voler. Mon oiseau qui se cogne, dans sa cage trop petite. Mon oiseau qui a peur, qui a peur de lui, de lui tout seul. Ses mots courent sur ma peau. Lore n'a pas peur. Lore n'a jamais peur. Tu as oublié Wolfgang ? Tu ne peux pas oublier ça. Je souris quand il m'embrasse. Il n'a pas oublié. Je serre ses doigts, quitte à les briser, je les serre bien trop forts. Je ne pars pas. Pourquoi partaient-elles ? Elles avaient peur ? Je ne suis pas les autres. Ma voix est douce. Je ne peux pas partir. Je ne veux pas partir. Pas encore. Mes doigts enserrent son genou qui tremble.

Je lui rend son baiser. Entre mes lèvres s'envolent une nuée de papillons : ils sont pour lui, pour faire vivre son ventre et son crâne. Ils sont magiques. Ils sont magiques parce qu'ils existent que pour moi. Que pour lui. Je capture ses maux, ceux qu'il veut bien m'avouer, ceux qu'il ne peut plus garder pour lui, ceux qui débordent même quand ses lèvres sont closes. Une nouvelle fois, la question s'infiltre entre mes pensées colorées. Elle est rouge. Rouge sang. Et moi, j'aime le rouge. Mais moi ? Je meurs, moi ? Quand tu me touches. Quand tu m'embrasses. Quand tu me serres. Quand tu me veux. Est-ce que je meurs ? Est-ce que tu me tues Wolfgang ? Tu sais, je t'en voudrais pas. La mort, elle me fait même pas peur. Elle tourne. Est-ce qu'il voit dans mes yeux que je ne sais pas ? Est-ce qu'il sent que passer du temps avec lui, dans ma tête, ça revient à lancer un putain de défi à la vie ? Que c'est presque jouissif, juste de l'embrasser, parce que, justement, je n'en sais rien ? Que c'est une revanche, que je prends, contre tous ceux qui veulent me protéger, trop me protéger ? Contre lui-même, un peu.

Ma main s'égare sur son ventre. Innocente, ou presque. La chaleur m'arrache un hoquet. Voilà où se cache la chaleur de monsieur. Je ne dis rien. Ce ne sont pas des choses qui se font remarquer. Pas à lui. Je repense au chinois et à ses petites barquettes en aluminium. Je soupire. Je m'arrache à ses bras. À mon envie. À sa tendresse. À ses lèvres humides. Tu as faim ? Silence. Non. Je voulais dire, j'ai ramené à manger. Et j'ai une faim de loup. Ma main caresse sa joue presque imberbe. Ma bouche s'égare sur l'arrête de sa mâchoire.
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Wolfgang Trush

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MessageSujet: Re: little girl, little girl, you should close your eyes. (lore)   little girl, little girl, you should close your eyes. (lore) EmptySam 8 Sep - 9:36


Il y a d'abord la douceur de ses traits que je contemple, sans jamais me lasser. Puis la courbe de ses seins, de ses hanches ou de ses cuisses. Il y a sa beauté, et les joyaux qu'elle cache dans ses yeux. Lore forme un tout magnifique. Quelque chose de beau a regarder et de soyeux à toucher. Elle possède une grâce qui semble venir des étoiles. Et des étoiles, elle en sème partout où elle passe. Il y en a plein les draps, plein le salon, il y en a plein sur moi. Elle est un feu d'artifice silencieux que l'on contemple avec émerveillement. Et toujours elle s'évanouit dans le ciel. Haut, très haut. Au dessus des nuages, au dessus de tout. Elle a cette légèreté qui n'appartient qu'aux funambules ou aux astronautes. Elle a le réconfort d'un feu de bois, la chaleur d'une louve, le chant d'une sirène. Elle est unique et multiple. Dix mille facettes pour un visage. Joli personnage. Ma jolie Lore. Symbiose.

Elle m'assure et me rassure quand elle me dit qu'elle ne veut pas partir. Elle n'est pas les autres. Et elle a raison. Elle est tellement au dessus de toutes ces filles qui prétendent être des femmes respectables. Elle est à des années lumières d'elles. Lore, dans la foule, elle brille plus fort que tout le monde. Quand elle m'embrasse avec tendresse, elle m'insuffle de la chaleur. Elle m'habite et m'abîme un peu plus. J'ai toujours peur de lui montrer mes plus vilaines plaies, j'ai toujours peur qu'elle entende mes pleurs. Alors moi, comme un fauve timide, je me renferme et je me tais. Parce qu'il est difficile de trouver les mots quand les maux sont plus forts. Moi j'aimerais savoir ce que c'est d'avoir les papillons qui font frissonner le ventre, parce que je n'en peux plus de la douleur qui m'arrache et me broie les tripes. Parce que je sature quand je vois les boîtes en cartons échouées sur le sol de la chambre, parce que j'ai envie de hurler quand je comprends à quel point je suis seul, parce que j'ai envie de mourir quand je pense trop.

Et je rêve de grandes évasions, loin de la maladie, loin de mon corps pâle et meurtri, loin de moi, de mon conscient. M'endormir pour toujours est une jolie utopie. Mais je me refuse à tout. Car je suis comme destiné à survivre, encore et encore. À me battre pour cette chienne de vie, à espérer qu'elle me fasse un cadeau, même minuscule. Je bouffe de l'espoir à en gerber, je bois du rêve jusqu'à l'éclatement du ventre. Et j'attends, j'attends. Attente longue et insensée. Aussi inutile que vaine. Car je connais la sortie. Et tout le monde la connaît. La chute éternelle. Le noir profond. Heureusement Lore est là. Elle arrive sur ses petits pieds, et elle fait une pause de quelques heures dans ma triste existence. Elle me comble avec rien. Et quand elle m'embrasse, je me dis qu'au fond tout ça, ce n'est pas si terrible. Je pense qu'elle est là, rien que pour moi, et que je pourrais m'endormir avec le souvenir de ses lèvres couvant les miennes avec une espèce de force invisible et une attraction infinie.

Puis elle quitte l'étau de fer de mes bras bien trop maigres. Je lui jette un regard déçu. J'espère qu'elle ne part pas déjà. C'est trop court, beaucoup trop court. Je ne lui avoue pas, mais elle me manque un peu quand son absence habite mon appartement sombre. Je ne la remercie jamais, et je ne lui rends même pas le centième de tout ce qu'elle m'apporte. Au fond je suis une vraie ordure. Comme tous les hommes qu'elle rencontre au détour d'une rue. Tu as faim ? ma mâchoire se crispe mais je garde le silence. Non. Je voulais dire, j'ai ramené à manger. Et j'ai une faim de loup. ses doigts se promènent sur mon visage, et ses lèvres s'égarent un peu plus bas. Je pousse un soupir las, résiste à l'envie de dévorer sa jolie bouche. Je prends sa main et l'emmène à la cuisine. Je constate la nourriture sur la table. Elle m’écœure. Je grimace, puis pousse les barquettes vers Lore avec un sourire désolé. J'ouvre le frigo, puis nous sers deux verres d'eau. Bon appétit. Si tu as besoin de quoi que ce soit, fais-le moi savoir. je me presse à la fenêtre, ouvre les rideaux. La lumière plonge la pièce dans une clarté presque divine, m'aveuglant au passage. Je m'assieds, puis je contemple Lore. T'es belle. je murmure. Je sais que l'apaisement se lit sur mon visage d'ordinaire si torturé. J'aimerais lui dire, tu sais que souvent tu me manques, que je voudrais te dire merci, merci d'être toi, d'être là. Tu es un joli baume à mon cœur émietté, sans toi je me sens vide, seul et terne. Mais je n'ose pas lui dire. Parce qu'elle pourrait croire que c'est de l'amour. Mais c'est une passion violente, un dévouement muet. Lore, ma jolie Lore. Que j'aimerais capturer dans un grand château fort, lui promettre les merveilles du ciel, et lui offrir des étoiles, et lui souffler du rêve. Je ne veux pas lui montrer les horreurs de mon être, lui offrir des corps lacérés et lui insuffler des cauchemars. À vouloir bien faire, je marche de travers. Et plus je l'aime et plus je me refuse à son fragile corps de porcelaine qui jamais ne pourra m'appartenir. Le joyaux chatoyant qu'elle représente est destiné à être inaccessible. Contre ma volonté je suis un danger. Ne jamais toucher que ses lèvres.
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