⧜
through my rise and fall,
YOU'VE BEEN MY ONLY FRIEND.

Je sais que je suis certainement la dernière personne que tu as envie de voir, mais … La vérité, c'est que tu me manques, Camila. Dix-huit heures trente, notre petit café sur Pinnacle Avenue ? Tu appuyas fébrilement sur la touche envoyer de ton téléphone, tes mains tremblant comme si tu étais atteinte de la maladie de Parkinson. Ca y est, tu l'avais enfin fait, tu avais enfin trouvé le courage d'envoyer ce fichu message. Voilà déjà plusieurs jours que tu réfléchissais à la vingtaine de mots qui allait orner ce message totalement dénué d'intérêt. De toute façon, tu savais ce qui allait se passer, un peu plus tard dans la journée, au lieu de rendez-vous. Tu allais te faire jeter comme une vieille chaussette, ou pire encore, te faire poser un lapin. Tu lâchas le minuscule appareil électronique qui s'écrasa sans bruit dans le tapis en poil qui ornait ta salle de bain. Tu soupiras avant de te replonger jusqu'au cou dans l'eau brûlante de ton bain, appréciant la morsure que produisait le changement de température. Tu inspiras profondément, appréciant le mélange des effluves : l'odeur de vanille du bain moussant, celle de cannelle de l'encens qui brûlait et cette petite trace fruité de ton parfum. Tu fermas les yeux, appréciant la quiétude qui régnait dans la pièce. Tes parents étaient au travail et ta soeur était sortie, la maison était ainsi toute à toi. La promesse de ne pas être dérangée fit naître un sourire sur tes lèvres vermeilles. Tu te sentis plonger dans l'abîme de tes réflexions, emportée par le tourbillon du souvenir. Camila et toi, assises dans Belmont Park, profitant des premiers rayons de soleil en riant, vos immenses lunettes de soleil sur le nez. Camila et toi, écumant les boutiques de Little Rock, perchées sur vos talons hauts. Camila et toi, à la sortie du lycée, analysant les nouveaux garçons appartenant à l'équipe de lacrosse. Et puis, un peu plus tard, Camila et toi, des larmes débordant de vos yeux, vos lèvres tremblotantes. Tu pinçais les lèvres, secouant doucement la tête afin de chasser ces mauvaises images de ton esprit. Tu expiras, repenser à votre dispute, à la fin de votre amitié pourtant si fusionnelle, te serrait toujours le coeur à un point indescriptible. Tu regrettais tellement, tellement, ce qui c'était passé. Toute cette douleur pour quelque chose que tu ne trouvais plus si important, finalement. Mais tu avais l'occasion de réparer cela et tu allais la saisir.

∞

Tu laissas tes doigts courir sur les étoffes soyeuses, appréciant leurs contacts doux comme de la soie. Tu souris. L'horloge accrochée à l'un des murs de ta chambre affichait dix-sept heure. Tu sentis ton estomac se contracter à l'idée de ce qui allait se passer. Surtout, ne pas céder à la panique ou tu allais te mettre à dire et faire n'importe quoi. Tes cheveux mouillés ruisselaient dans ton dos, puis le long de tes jambes formant une petite flaque à tes pieds. Tu avais intérêt à nettoyer ça avant que ta mère rentre, tu le savais, mais pour l'instant, tu étais trop occupée à te ronger les ongles jusqu'au sang en te demandant ce que tu allais porter. Tu lanças un petit coup d'oeil en direction de la fenêtre. Le soleil, bien que déclinant, promettait une belle soirée et le soleil était exempt de tout nuages. Tu optas pour un jean, un débardeur blanc et une petite chose rose qui officierait en tant que gilet. Tu secouas tes mains, cherchant à te donner du courage. Tu pouvais le faire. Au nom de votre amitié. Ou du moins, de ce qu'il en restait.

∞

Tu étais assise à l'extérieur du café depuis presque un quart d'heure et tu avais déjà bu deux cafés. Tu tordais nerveusement tes mains et tes genoux joueraient probablement des maracas si tu te tenais debout. Tu avais hâte que Camila arrive, mais tu redoutais également l'apparition de cette silhouette qui t'étais autrefois si familière. Tu appréhendais les premiers moments, ceux durant lesquels le silence serait sans doute de mise. Ou bien les cris, ou les paroles méchantes. Car tu t'attendais également à des remontrances de la part de ton ancienne meilleure amie, et tu ne pourrais décemment pas lui en vouloir, après tout, c'est toi qui avais mis fin à cette amitié, à ce lien plus fort que celui du sang. Il ne restait plus rien de ta manucure et tu avais commencé à te ronger l'intérieur de la joue. Tu avais l'impression d'être une bombe à retardement. Qui n'allait d'ailleurs pas tarder à exploser. Si Camila n'était pas là dans vingt minutes, tu t'enfuirais, te cacherais dans ta chambre en pleurant toutes les larmes de ton corps. Tu vérifias pour la millième fois l'heure sur ton téléphone portable. C'est alors que tu vis deux mains se poser sur la table. Tu relevas les yeux et croisas ceux de Camila. Deux puits noisettes. Tu sentis ton coeur se serrer. « Salut. Je … je pensais pas que tu viendrais … » Tu balbutiais, ta voix tremblotait, tu n'osais même plus la regarder, préférant admirer tes ongles rongés. « Alors … » Tu avais entendu dire qu'elle allait emménager avec sa petite-amie, mais tu ne te voyais pas vraiment aborder ce sujet avec elle. D'ailleurs, tu ne voyais pas vraiment quoi lui dire, excepté fondre en excuses. « Tu … tu as l'air en forme, en tout cas, ça fait plaisir. »